In Real Life

images(8) IN REAL LIFE (IRL)

Au départ, il y avait un jour de mai où le soleil avait enfin décidé d’offrir ses rayons entre deux nuages lointains.

(Vous remarquerez que je commence toujours mes récits par des considérations météorologiques. C’est comme dans la vraie vie, une manière comme une autre de briser la glace et d’atténuer l’émotion de s’adresser à des inconnus. Estimez-vous heureux que je ne vous demande pas de vos nouvelles. Ça ne sert à rien, je sais que vous allez mal) …

Enfin !!! il faisait un temps pourri depuis quelque temps.  La terrasse était pleine. Elle attendait. Elle m’attendait, nuance… Elle aurait pu attendre n’importe qui, un homme, une femme, un ami, ses parents, ses enfants, le bus, le RER,  un chien ou même peut être son ex mari.

Non, elle m’attendait à moi  et j’en étais déjà très fier. Je ne lui ai jamais dit mais, avant d’aller à sa rencontre, je me suis arrêté pour l’observer alors qu’elle me tournait le dos. C’était la première fois que je la voyais. Ok, je triche un peu : j’ai pu voir deux photos d’elle sur le site qui nous avait mis en contact. Juste deux photos, deux belles photos : la première en couleur avec le regard  espiègle donnant l’impression d’une invitation à la farce, à la malice ou même à la pitrerie. La deuxième photo est plus troublante : prise en plongée de trois quart face en Noir & Blanc.  Le sourire discret et les yeux d’une tristesse infinie de sorte que l’on a envie de la consoler, son regard ressemblant étrangement à celui de Gena Rowlands dans « Opening night » de J Cassavettes.

Cela suffisait. Attention, je ne vais pas vous mentir. En général, dans ce genre de rencontres virtuelles je m’arrête toujours plus facilement devant des poses lascives suggérant une paire de seins par ici ou bien un string mal ficelé par là. Je ne suis pas un PD non plus MERDE !!! Il ne faut pas oublier que j’ai été élevé au biberon sexuel de Hot Video et le nombre de tonnes que ma bite aurait pu soulever grâce à ce magazine suffirait à faire pâlir n’importe quel  haltérophile bodybuildé de la côte Californienne.

Seulement voilà, une fois mon éducation sexuelle effectuée, je suis devenu un vrai Gentleman. Un mec élégant et plutôt raffiné. J’aime la douceur et je préfère la finesse d’une rencontre dont la promesse d’une union dépassera l’horizon bleue de l’Océan à la furtive apparition du coït matinal de l’aube embrumé et sans lendemain.

Je me suis approché d’elle, je l’ai salué et embrassé. Elle ne le savait pas, mais à ce moment précis où mes lèvres se sont posés sur sa joue, j’avais du mal à cacher les battements de mon cœur. Ma respiration devenait plus rapide et j’avais l’impression qu’elle était incontrôlable. Mais pourquoi donc est-il si difficile d’aborder une inconnue ? On a tous les souvenirs de la peur panique qui nous envahissait lorsque, enfant, on changeait d’établissement scolaire perdu au milieu de tout et de rien.

Mais bon, l’un des avantages de la maturité réside dans la faculté que nous avons à cacher nos émotions.  J’étais même très étonné de la facilité à laquelle nous abordâmes notre premier échange In Real Life (Irl).

Sa main gauche posée sur la table du bar de « l’Affiche » bien calée en plein milieu. Il ne me restait que très peu de place pour poser la mienne sur ces petites tables rondes de bistrot. Comment faire ? Voir cette belle main était un appel irrésistible. Je me risquais donc. Ce fut ma première érection.

J’ai toujours été sensible à la douceur de la peau des Femmes. A son contact, j’ai eu l’impression de plonger dans un Yaourt géant velouté au goût Bulgare. La dureté du sexe masculin est inversement proportionnelle à la douceur extrême de la peau féminine.

En général, faire un tel effet aussi rapidement est un très bon signe. Nous parlions comme nous avions parlé depuis le début au téléphone : naturellement. Nos échanges étaient fluides et chacune de nos paroles s’entrecroisait sans jamais s’entrechoquer.

Les deux bêtes avaient faim. Il était tard et quoi de plus normal d’avoir faim à presque 19 heures en cette fin d’après midi.

Je lui avais dit que j’avais vécu à Paris pendant 17 ans. Méfiante de nature, elle me demanda de l’emmener quelque part, où je voulais. Bien entendu, elle voulait vraiment savoir si je connaissais Paris. Je me souviens avoir eu à ce moment, la désagréable impression de passer un test. Cette fille a dû être menée en bateau un paquet de fois par des mecs peu scrupuleux pour en arriver à un tel niveau de défiance. Déjà au téléphone, je la sentais pressée de me rencontrer non pour me voir mais surtout pour bien être sûre que je n’étais pas avec quelqu’un avec 17 enfants. Sur le fond je lui donne raison. La toute première fois que je l’ai vu, j’ai été très agréablement surpris par sa beauté. Le poids des ans semble très léger sur elle. Forcément injuste : la nature l’a préservée. Elle est tellement belle qu’elle a dû être inscrite sur la liste du Patrimoine mondial à préserver par l’UNESCO. Mais c’est pas les gros barbus et vilains de cette vénérable institution qui ont choisi de la préserver des aléas de la vie. Non, c’est une instance mystique et supérieure que l’on pourrait attribuer à Dieu pour ceux que cela intéresse.  Elle picole, elle fume, elle ne fait pas de sport : pas de rides, pas de cernes, pas de culottes de cheval, pas de pelures d’orange, une peau de bébé, un cul slim à faire pâlir de jalousie Kate Moss. Attention son cul mérite de s’y arrêter quelques instants : par cul slim je veux parler de la taille du pantalon qui enveloppe son cul. MAIS et j’insiste bien la dessus car s’il y a une chose que je déteste dans les culs de Femmes : ce sont les culs plats. C’est rédhibitoire, je ne peux pas, je fuis, je pars, je vole, je mens, je m’échappe, je cherche une excuse : mais je ne baise jamais un cul plat.

-« ok poupée, tu veux jouer à ça, alors jouons ». Je décidai donc de l’emmener au « Nemours » place Colette un bar sous les arcades du Ministère de la Culture où je m’arrêtais très souvent après une dure journée de boulot pour profiter du cadre exceptionnel de la Comédie Française et des quelques magnifiques culs brassés par l’ouverture de la bouche de métro du Palais Royal.

Le métro. En été c’est un sauna ambulant offrant la désagréable impression de faire de la spéléologie à grande vitesse sans les stalagmites mais avec les miteux croyant dur comme fer la pub sur les déodorants « efficacité 72 heures ». Je recherche activement le type qui a décrété qu’un déodorant est efficace 72 heures. Dans le meilleur des cas, un déodorant tient aussi longtemps qu’une batterie d’Iphone utilisant simultanément les SMS, Facebook, Twitter et Youtube réunis. Et la vision du témoin lumineux passant du vert au rouge accentue un peu plus la sécrétion d’odeurs corporelles… C’est ce que l’on appelle un cercle vicieux…

Même une panne de métro pourtant réellement flippante n’arrivait pas à entamer ma bonne humeur. Moi qui suis plutôt angoissé et claustrophobe je me contentais de paraître cool et de maîtriser la situation. Les gens autour de moi essayaient de plaisanter et de sourire pour éloigner cette crainte de l’enfermement. Certains commençaient à paniquer en essayant de tenter de sortir de la rame.

Le destin voulût donc qu’un désespéré essaya de faire la course avec le métro pour savoir qui des deux arrivera la premier à la prochaine station. Effectivement, il arriva le premier… au paradis. Et nous, pendant ce temps, nous étions dans ce qui pourrait ressembler à l’enfer. Même pas mal, alors que je lui faisais un peu d’air avec un journal pour atténuer la chaleur suffocante, j’étais au Paradis moi aussi à côté d’elle, joyeuse, gaie, belle, charmante. Finalement, peut être que c’était moi qui avais péri sous ce métro ?

Cet incident révéla outre mes nerfs d’acier et mon calme légendaire, la verve, l’humour et la répartie de ma partenaire. L’Humour est certainement le critère le plus important dans la séduction d’une Femme. J’aime ses éclats de rire et cette capacité à rire de tout, tout le temps. Elle me faisait rire. La réciproque était également vraie. Elle était même troublante. Je m’explique : il me suffisait de lui parler naturellement pour qu’elle ponctue chacune de mes phrases par des fous rires. Deux solutions : soit j’avais vraiment de l’humour, ou bien elle se foutait de ma gueule. Je n’ai toujours pas la réponse à cette question.

Nous marchions dans les rues de Paris en direction de l’endroit où le métro aurait dû nous emmener. L’avantage de cet incident, et le paradoxe aussi, est qu’elle faisait semblant d’être vraiment perdue tandis que je reconnaissais rapidement le quartier des grands magasins et la rue Lafayette au loin (l’horrible rue Lafayette). Il suffisait donc de marcher par les rues de traverses pour rejoindre l’avenue de l’Opéra.

Nous avons pas mal marché car je voulais aller place Colette pour boire un verre au Nemours. Je la sentais fatiguée et énervée par la distance. Je décidai donc de changer mes plans et de nous rendre place du Marché St Honoré où nous nous installâmes à « cuisines et dépendances ». Pendant que je me posais la question de savoir pourquoi un restau où les serveuses faisaient la gueule pouvait avoir autant de succès. Cela faisait environ 10 ans que je m’y rendais et je n’ai pas vu un seul sourire. Ah si pardon, les clients ont droit à un sourire lorsque tu vas payer au comptoir. Sourire proportionnel au montant de la note bien sûr. Le mien fût donc timide : deux carafes de Bordeaux rouge servi après avoir passé l’après midi dans un micro onde et un plat de Carpaccio au bœuf gonflé à la salade et au parmesan. Nous avons donc surtout mangé de la salade. Il a fallu que je commande un plat pour de ne pas avoir à la porter après tout ce que l’on a bu.

Toujours en terrasse, nous mangions un peu en veillant à bien rester attentif à l’Autre. Je crois que ni l’un ni l’autre n’avaient faim. Si je mangeais, c’était par raison, pour éviter le malaise, mais je n’avais pas faim. D’ailleurs cela me rappelait le chef d’œuvre de Ernst Lubitch « Ange » avec la grande Marlène et dans lequel une scène magnifique décrit un repas à trois entre le mari, la Femme et l’Amant. A la fin du repas, un plan fixe montre les trois assiettes : la seule assiette vide était celle du mari, tandis que les deux amants n’avaient rien mangé. Ou comment le génie de E Lubitch arrive à faire passer autant d’informations dans la narration.  En même temps, peu importe le contenu de notre assiette, puisque l’unique objet de mes convoitises n’était pas mon plat mais la Femme qui me parlait. Dieu que l’enveloppe charnelle de cette Femme était magnifique. Je me souviens que, bizarrement, un épisode inattendu me permettait de découvrir son soigneux décolleté : elle se leva de table et offrit ses lèvres. Un dilemme se posait à moi. Comment me lever moi aussi afin de poser mes lèvres sur les siennes en évitant  d’exposer la proéminence de mon sexe dur,  que ma veste trop courte ne parvenait pas à camoufler, aux clients accoudés juste à côté ? Ben oui cela devait faire maintenant plus deux heures que j’étais en érection et ce n’était pas fini, pensai-je alors que je me rasseyais après ce baiser acrobatique mais ô combien acharné.

Nous ne nous sommes jamais levés pour nous embrasser à ce moment là. Je l’ai rêvé. Mais j’aurais tant aimé le faire. Je n’ai pas osé. Trop timide.

Je la regardais marcher vers Opéra. Avec ses talons hauts et ses jambes fluettes je pensais à Charles Denner inoubliable Bertrand Morane dans l’homme qui aimait les Femmes. « Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie. ». Sa silhouette si frêle me faisait même redouter qu’elle s’envole sur un coup de vent. Elle faisait partie de ces « Femmes dont on peut dire qu’elle participe activement au réchauffement climatique de la planète ». Alors que j’essayais de faire le rapprochement entre elle et la dislocation des icebergs dans les deux pôles, nous arrivions à Opéra métro.

Direction chez elle en métro.  Le voyage fut le parfait opposé du précédent. Nous étions debout, elle se tenait contre le poteau et je la tenais par les épaules en approchant mon visage contre le sien. Elle portait mon blouson turquoise de chez GAP. J’adore quand la Femme que j’aime porte mes vêtements. C’est comme si elle s’appropriait mon odeur. Je ne me souviens plus si j’ai touché ses lèvres avec les miennes, mais je crois que oui. Je pris conscience pour la première fois de la plastique de son petit corps. Mon plus beau voyage de métro. La promesse du crépuscule s’annonçait merveilleux et féérique.

Les gens semblaient légers et insouciants, prenant leur temps de sorte que je trouvais que le décor dévoilait une douceur de vivre qui aurait plu au « Maestro Fellini » en personne. Peut être même que j’aurais pu apercevoir  Giulietta Masina en clown triste de la Strada ou la sculpturale Anita Edberg. Nous marchions enlacés, cette délicate flânerie digestive me fit venir à l’esprit cette citation tellement vraie de F. P. Jones : « l’Amour ne fait pas tourner le monde. L’Amour est ce qui fait le trajet intéressant ».

Attention, nous arrivions dans son quartier, chez elle depuis toujours. Je connaissais très mal ce quartier.  En revanche, c’était chez elle depuis toujours. Cela lui donna un regain de confiance en elle, je la sentais plus sûre d’elle. Toute à l’heure, dans mon quartier, je discernais une certaine vulnérabilité. Peut être est-ce la raison pour laquelle elle décidait un peu brusquement de rentrer chez elle.

Appartement bourgeois typique de la ville. Belle hauteur sous plafond. Type d’appartement qui part à la vente en 15 jours. Mais la qualité de cette demeure ne serait rien sans la simplicité de bon goût que les personnes de qualité arrivent à insuffler à leur havre de paix. Murs blancs, parquet et décoration appropriés : aucune faute de saveur…

Il faisait très chaud malgré un temps loin d’être caniculaire. Elle n’aimait pas les bêtes, donc toutes les fenêtres devaient rester fermer pour éviter une invasion barbare de cloportes et autres cafards. Nous passâmes la soirée l’un contre l’autre, ou plutôt elle sur moi. Son corps me paraissant aussi léger qu’un édredon. Musique : Adèle, je ne connaissais pas. Belle voix, émouvante de la part d’une fille aussi jeune qui respirait la maturité. Je me demande si inconsciemment elle n’admirait justement pas ce son si puissant, rassurant et mur venant d’une jeune fille par contraste à son propre comportement infantile et sa fragilité impubère apparente.

Nous parlions et je sentais chez ma partenaire une gêne certaine. Une manière de parler de choses futiles de façon très légère de peur d’aborder des sujets plus profonds, plus complexes. Je ne la connaissais pas encore. J’ai réussi à décaler une vingtaine de RDV pour anticiper la rencontre. Il fallait que je sache si mon intuition était la bonne. Pour cela je devais la voir le plus vite possible. La réponse que j’attendais ne pouvait venir que de son regard si envoutant, si pénétrant. Je devais savoir si « ma déclaration » allait être ressentie comme je l’espérais ou bien si elle resterait lettre morte comme celle des impôts.

Je lui parlais en pleurant comme une gonzesse tellement ce que j’avais à lui dire venait des tréfonds de mon âme, du milieu de mon estomac qui me faisait tellement mal que j’avais l’impression d’être dans la peau du Lt Ripley lorsque l’alien lui déchira l’estomac pour sortir son horrible tête bicéphale.

Je m’assurais bien qu’elle comprenait bien le sens de mon discours enflammé mais néanmoins improvisé. Et là, j’ai vu exactement ce que je voulais voir. Ses yeux embués de larmes. Le regard de Gena Rowlands dans « Opening night ». Ce regard tellement beau, tellement émouvant. A cet instant, plus rien n’avait aucune importance pour moi. Je savais. Aucun mot, aucun geste, aucune colère, aucun comportement n’avait de sens pour moi autre que ce regard que j’ai photographié dans un coin de mon cerveau et qui ne me quittera jamais.

On a couché ensemble, elle s’est demandé à quel moment j’allais l’embrasser. Ce fut un désastre. J’ai pris du plaisir, elle aussi mais tellement loin de ce que nous devons être capable d’atteindre tous les deux sexuellement. De mon côté j’avais peur de la casser, de lui faire mal devant un corps aussi enfantin. Finalement, l’acte sexuel n’était pas important. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Je la caressais des yeux où je devinais les courbes de son anatomie. Elle n’a pas dû dormir beaucoup elle non plus. Elle a dormi tout contre moi et je sentais sa respiration se caler contre la mienne. J’imaginais, et peut-être elle aussi, que nous vivions cette nuit après 15 ans de mariage dans un Amour parfait. Alors que le jour commençait à percer les rideaux de la chambre, je fermais enfin les yeux…

Le réveil. Le dur réveil. J’étais seul dans ce grand lit. J’entendais la douche, chaude pour elle et froide pour moi. Je consultais mes messages et il était déjà tard : 10 H 39 précisément.

10 H 45 : la douche s’arrête. Je me demandai comment j’allais aborder le moment où il fallait dire quelque chose pour briser le silence. Je me risquai :

–       « Bien dormi ? »

Parfois il ne sert à rien de chercher à écrire un dialogue quand le silence est à ce point lourd de sens.

Elle grommela un son incompréhensible et son regard, hier si doux, était devenu tellement sévère qu’elle me faisait pensait à Mme Pêcheberty mon institutrice de CE2 qui m’a appris à si bien jouer la comédie à mes parents pour gagner ne serait-ce qu’une demie journée de réconfort dans les bras de ma Grand-mère plutôt que de réciter les tables de multiplication.

De l’Amour nous sommes passés au mieux à l’indifférence et au pire à la haine. Ce sentiment qu’après avoir été fusionnel nous étions devenus étrangers.

–       « Pardonnez-moi Madame, mais qui êtes-vous ? On se connaît ?

–       Vaguement, on a bu quelques verres ensemble hier soir et nous avons parlé de choses et d’autres. De banalités. Enfin surtout vous. C’est vous qui avez beaucoup parlé. Et vous avez dit énormément de conneries si je peux me permettre. Mais bon, il faut faire passer le temps comme l’on dit dans ces cas-las »

Je suis parti et je ne l’ai jamais revu.  J’étais pourtant prêt à comprendre ses craintes, ses peurs, ses angoisses, ses chagrins, ses manques affectifs, son père, sa mère et son frère.  Elle était simplement une jeune fille mariée trop vite pour faire des enfants et fonder une belle famille dont elle peut être fière, très fière même.

La mère de famille parfaite élevant avec Amour ses deux filles et s’occupant de son mari très occupé. Préparer les petits déjeuners, les déjeuners, les dîners, faire la lessive, le repassage, le ménage, la cuisine, être toujours là où on l’attend : dévouée, un modèle pour toute les mères. Se jeter dans le cadre rassurant d’une belle famille l’aidant à oublier, oublier le manque existentiel de sa propre famille. Faire n’importe quoi pourvu que son cerveau soit occupé à faire autre chose que de penser aux idées noires. Si seulement ses filles et surtout son mari pouvait se douter une seule seconde que la Femme parfaite, la Femme d’intérieur avait un tel besoin de soutien, d’attention. Comment imaginer que dans la tête de cette jeune fille mère de famille pouvait être le théâtre de mille tourments ?

Quant à moi, au lieu de lui chercher des excuses et d’essayer de la comprendre, je devrais plutôt tenter de me comprendre d’abord.

Aujourd’hui je saisis mieux l’importance des sites de rencontre virtuelle où l’intérêt principal est de parler de soi et de s’entendre parler de soi à travers les paroles de l’autre. Et même si cela débouche sur une heure ou mieux une nuit, cette histoire a quand même eu le mérite d’exister, nous permettant de rêver et de venir chercher ce petit bout d’Amour que nous attendons tous pour toujours……ou bien pour un jour.

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