DESORDRE

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DESORDRE

Mes gestes étaient désordonnés et imprécis. Ma maladresse se faisant pressante. Mon front perlait de sueur. Mon sang coulait à flot. Combien de temps pourrais-je tenir comme cela ? Que faire ? Appeler une ambulance ou bien les premiers secours ? La tâche de sang se propage inexorablement sur mon pantalon blanc et ma chemise en lin. L’hémorragie semblait intarissable.  Le souffle court, pressé par la douleur et la peur, je me dirigeai vers la sortie. La salle était pleine. Une femme me regarda et ne pût s’empêcher un cri d’effroi. Puis toute la pièce se mit à partager la même terreur à la vue d’un homme ensanglanté. Que s’est-il passé ? Tentative de meurtre à l’arme blanche ? Par où est sorti le meurtrier ? Quelle est le mobile du meurtre ?

Mes amis qui m’attendaient et me demandaient les premières impressions sur ce qui venait de se produire. J’essayai de prononcer quelques mots puis ce fut le grand trou noir. Je m’étais évanoui.

Je me souviens d’avoir fait le rêve de ma mère me grondant parce que je n’avais pas rangé ma chambre et que ce désordre récurrent me portera tort lorsque je serai plus grand. A l’époque, je n’écoutais pas mes parents. On n’écoute pas sa mère lorsque l’on a 8 ans. On a tant de choses à faire. Et surtout, on a toute la vie devant soi.

Lorsque j’ouvris les yeux, deux infirmières discutaient vivement en plaisantant et se tordant de rire. La salle était blanche et la TV diffusait le JT de 20 Heures. Peut-être ferai-je la Une du JT ?

Bizarre que mes parents ne soient pas à mon chevet. Personne. Je suis seul. Peut-être suis-je déjà mort ? Je me touchais les mains comme pour me rassurer de la réalité de ce corps si malmené.

L a porte s’ouvrit brusquement et le médecin entra en me regardant d’un air compatissant. Les deux infirmières n’arrêtaient pas de se marrer.

–          « Bon, je vous rassure tout de suite, rien de grave. Mais vous l’avez échappé belle. »

Les deux infirmières gloussaient de plus belle. Ça commençait à m’énerver. Il n’y avait plus aucun doute, c’est moi qui les faisais rire.

Le Docteur reprit

–          « Bien entendu,  ça risque d’être douloureux pendant une semaine. Je vous prescris des anti -douleurs, mais tout devrait rentrer dans l’ordre normalement. Vous sortirez demain matin

–          Merci docteur » balbutiai-je maladroitement.

Le lendemain matin, un de mes potes vint me chercher afin de continuer des vacances bien méritées.

–          « ça va mieux ? Pas trop mal ?  me demanda t-il

–          Ramène moi à la maison et surtout ferme bien ta gueule »

Il paraît que la sagesse est « l’art de l’expérience » : je peux donc dire qu’après cette épisode malheureux je me promis de ne plus jamais fermer ma braguette précipitamment sans  bien vérifier que mon pénis soit bien rangé à sa place au fond de mon caleçon.

Et surtout, je compris enfin pourquoi ma mère tenait tant à ce que je range ma chambre.

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